----CIMETIERES EN PAYS DE -------------------SOMME------------------
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Cette page est un complément du livre:
"Le Patrimoine funéraire des cimetières en Pays de Somme", publié en octobre 2017
Ruines de l'ancienne église de Cayeux-sur-Mer à l'entrée du cimetière
Voici un dessin de l’ancienne église de Cayeux sur Mer : dont quelques ruines subsistent encore à l’entrée du cimetière et qui laissent augurer de sa grandeur. Cette vieille église, nécessitait sans doute de grosses réparations mais semblait assez solide pour être sauvée.
Roger Rodière, l'éminent archéologue avait essayé, sans succès, en février 1906 de la faire classer monument historique pour éviter sa démolition. « Rien de plus pittoresque que cette marqueterie de pierre, où le ton gris et terne du grès fait ressortir les reflets polis et changeants du silex ». On a vécu ça avec l’église St Jacques d’Abbeville en 2013, c’est l’histoire qui recommence
Une sépulture prestigieuse au cimetière de la Madeleine à Amiens: Jules Verne par Albert Roze
Au cimetière d'ALBERT: la tombe du pirate
On imagine que c'est un jeune de 20 ans qu'on surnommait "le pirate", mais personne à Albert ne se souvient de cette famille et la tombe garde son mystère.
Eglise d'AUBIGNY
Eglise de BIACHES: pierre tombale de l'ancien cimetière
Cimetière de TINCOURT-Boucly
Tincourt
L’église de Tincourt n’a pas été détruite pendant le premier conflit mondial. Un cartouche porte la date de la fin de sa construction : 1786.
Dans le cimetière qui l’entoure, on peut encore surprendre cette plaque que le temps a presque effacée…
Quelques mots en français à gauche et en allemand à droite, rendent hommage aux soldats morts pour leur Patrie. Si cette plaque a été gravée en 1916, l’auteur
affichait déjà un surprenant œcuménisme.
Sous l’hommage, deux autres phrases évoquent la protection de Dieu pour les deux camps : « la providence nous protège » et « Gott mit uns », quand c’est au nom de Dieu que l’on envoyait les soldats s’entre-tuer…
Ce qui n’a pas manqué de questionner les croyants, déconcertés par cette guerre fratricide.
Dans l'église d'Hallu
La pierre tombale de l’église d’Hallu
Dans son livre : « la vie en Picardie au 18e siècle » (1), Hervé Bennezon (docteur en Histoire de l’université de Paris) écrit : « les paysans très fortunés en quête de protection divine formulent souvent par testament le vœu d’une inhumation future sous le sol de leur église »
L’ inhumation à l’intérieur des églises est réservée aux nobles et l’enterrement des fermiers laboureurs est tout à fait exceptionnel et ne se voit que dans le Santerre. La première guerre mondiale avec ses destructions d’églises n’a pratiquement laissé aucune trace de ces inhumations. C’est pourquoi la pierre tombale de l’église d’Hallu revêt un caractère exceptionnel
A gauche du chœur, cette tombe gravée au trait porte cette inscription :
« Chi gist Loys Gérault marchant- laboureur fermier des dames de Maubeuge à Hallu qui trespassa le XIIe jour du mois d’aoust l’an de grâce 1558 »
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Cette recherche se limite au Santerre et repose en grande partie sur l’étude des inventaires après décès
Fondation d'obit dans l'église de Pendé: 1618
Pendé
Cette pierre, vieille de quatre siècles, nous apprend que le sire Antoine Le Roy est décédé le 1er mars 1618. Il a donné 100 livres aux « manégliers » (1) pour que soient célébrées 4 obits (2), le lendemain des fêtes dédiées à
Notre-Dame :’Assomption
la Nativité
l’Annonciation
la Purification
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les manégliers sont les marguilliers, membres du Conseil de Fabrique chargés d’administrer l’église
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obit : messe anniversaire célébrée à perpétuité. Les dates sont fixées par le défunt ou ses héritiers pour le repos de son âme, celle de ses parents et amis
Plaque funéraire dans l'église de ROGY
Eglise de Rogy
Joseph de Ponthieu est décédé en 1739 et son état-civil trouvé dans les Archives de la Somme mentionne l'âge du défunt: il avait 66 ans. Outre les services rendus par le sieur Joseph de Ponthieu qui justifient son inhumation dans la nef de l'église, on note aussi cette savoureuse formule: "il mourut en trépassant la veille de son enterrement".
Au cimetière de DRIENCOURT
Un chapiteau qui sert de tombe, voilà qui est insolite
A cet endroit précis, , sont inhumés deux curés de la paroisse de Driencourt:
- Charles Guillemont décédé le 20 mars 1820
- Jean, François, Eustache Clair décédé le 14 mai 1856.
Au cimetière de RIBEAUCOURT
La pietà et le calvaire de l'enclos funéraire du cimetière de Ribeaucourt
Au cimetière de la Madeleine: une petite oeuvre de Gédéon de Forceville
Gédéon de Forceville (1799-1886)
Né à Saint-Maulvis, notre sculpteur épouse en 1828, Claudine, Joséphine, Eléonore Duvette la fille du banquier du même nom. Il est l’auteur des Illustrations picardes, place Joffre à Amiens et du monument de Pierre l'Ermite sur la place Saint-Michel
La colonne funéraire en pierre d'Ecaussines, surmontée d'une urne voilée, a été érigée vers 1857, date du décès du banquier Célestin Duvette. L’urne, qui porte le portrait du banquier et en médaillon, celui de son épouse est signée Gédéon de Forceville.
Cimetière privé à Warlus
Warlus
La chapelle funéraire de Robert Leullier, (1870-1922) a été érigée sur un terrain privé, loin du cimetière. Robert Leullier, né à Lignières-Chatelain, a été un fonctionnaire apprécié au service de son pays : quatre postes de sous-préfet, quatre postes de préfet, croix de guerre, chevalier et officier lui ont valu d’être nommé commandeur de la Légion d’honneur, en 1920.
Au cimetière de Frucourt
Au cimetière de Frucourt: le portrait émouvant des défunts se regardant l'un l'autre pour l'éternité a été sculpté par M K Wagner, en 1925
Au Cimetière de DOULLENS: les statues de la Chapelle Maille-Houbart: un chef d'œuvre de Louis Duthoit
DOULLENS
La chapelle funéraire Maille-Houbart : à l'intérieur, le chef d'œuvre de Louis Duthoit.
Au centre de cette triste histoire, se trouve Louise Houbart qui épouse, en1800, Jean-Baptiste Alexandre Maille, juge de Paix, conseiller municipal de Doullens, décédé à l’âge de 53 ans, en 1826. Après avoir perdu son mari, elle perd sa fille unique et son beau-fils, 11 ans après. Elle mourra de chagrin, quelques années après, en 1844, elle avait 61ans. Immensément riche, madame Maille a fait construire une grande chapelle en pierre avec soubassement de grès dans le
cimetière de Doullens, faisant appel aux frères Duthoit pour la décorer.
A l’intérieur, l’élément central est personnifié par une jeune femme étendue sur un tombeau fictif. Elle pose le coude sur un coussin drapé et lève les yeux vers le Ciel. De part et d’autre de cette sculpture, se tiennent debout sainte Elisabeth et Notre-Dame de Pitié. Le regard perdu de sainte Elisabeth, les traits vieillis de son visage incarnent à la fois le portrait de la fille et la douleur de la mère. Le plissé fin et souple de la robe de la Vierge, le manteau relevé qui retombe en plis profonds, témoignent de la maîtrise du sculpteur.
L’ensemble, réalisé en marbre blanc par Louis Duthoit qui a gravé son nom sur le linteau avec la date de 1838, a été classé Monument historique, en 2007.
GRIVESNES: cimetière Saint-Aignan
AMIENS- Cimetière de la Madeleine
Il faut admirer la symétrie parfaite de ces pleureuses exécutées par Justin Chrysostome Sanson. Le modèle en plâtre de ces sculptures a été déposé au musée de Nemours.
Vêtue d'une tunique et d'une cape à capuchon fermée par une broche au niveau du col, la pleureuse agenouillée se laisse aller à une profonde douleur, le coude appuyé sur son genou et le visage en partie enfoui dans sa main gauche.
Cette sculpture est l'œuvre de Joseph Ramboue, praticien de l'atelier Duthoit.
La pleureuse de la tombe Vasseur adopte la même attitude que celle décrite plus haut. Les traits crispés expriment la douleur, qui était le rôle des pleureuses pour montrer l'importance qu'avait le défunt. Sur le socle apparait le nom de Lesot, sans doute un tailleur de pierre de l'entrepreneur de monuments funéraires.
Les anges sculptés par les frères Duthoit au cimetière de la Madeleine
CORBIE
Symboles funéraires au cimetière de Corbie
De bas en haut:
Roses (amour) et pensées (souvenir) composent une guirlande de pierre.
Une main d'homme serre une main de femme (le couple uni pour l'éternité)
Une chouette, oiseau de la nuit, des ténèbres et de la mort.
Deux flambeaux renversés et qui vont s'éteindre pour entrer dans la nuit.
DEVISE (CANTON DE HAM)
Des tombes insolites dans le cimetière de Devise
Commençons par relater l’histoire du monument aux morts de ce petit village de Devise(49 habitants).
Au centre du monument, une femme tient à bout de bras une pancarte sur laquelle sont écrits ces mots : « Pour la PAIX ». Le visage qui apparait sur le monument est celui de Maria Agasse, originaire de la Fère dans le département de l’Aisne. Née en 1890 d’un père adjudant, elle arrive à Devise en 1910 pour exercer le métier d’institutrice. Elle exercera cette fonction jusqu’à ce jour de 1934 où elle décède subitement devant ses élèves : elle a 44 ans. Pendant la première guerre mondiale, son comportement héroïque lui avait valu de recevoir la médaille de la Reconnaissance française.
A son décès, le 10janvier 1934, le village ne possédait pas encore de monument aux morts. Aussi le maire, Roger Tattegrain profondément affecté par la mort de son institutrice pense au lendemain de son décès à faire prendre les empreintes de son visage pour immortaliser ses traits sur le monument. Il fait appel à un de ses amis, sculpteur, Gaston Vallon, qui reproduit fidèlement les traits de l’enseignante et signe son œuvre sur le socle : Vallon Sr 1935.
Le cimetière de Devise
Roger Tattegrain (1881-1960) a exercé la fonction de maire de Devise de 1906 à 1950 avec une interruption de quatre ans de 1941 à 1944, période où il fut destitué par l’Etat dit Français comme l’indique l’épitaphe inscrite sur sa tombe. Il était devenu maire en 1906 après avoir succédé à son père, le sculpteur Georges Tattegrain (1845-1916). Il était aussi le neveu du peintre Francis Tattegrain, né à Péronne, en 1852 et décédé, en 1915.
Georges Tattegrain, Roger Tattegrain,, son épouse, leurs fils André et l’institutrice reposent dans le petit cimetière de Devise, chacun sous un bloc de granit mal équarri qui leur sert de sépulture.
Puissent ces quelques lignes répondre à la curiosité des visiteurs de ce petit cimetière du Santerre.
Les photos du cimetière de Devise sont de Patrick Danzel d'Aumont
L'œuvre des FRERES DUTHOIT au cimetière de la MADELEINE
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La sépulture du chanoine LUCAS de GENVILLE
La Sépulture d'Alexandre-Ferdinand Lapostolle
La sépulture d'Adrien Morgan de Belloy
Deux anges tiennent le blason de cette prestigieuse famille.
Notons qu'au cimetière de la Madeleine, les deux monuments ci-dessus sont les seuls à être signés des frères Duthoit.
Les 5 représentations du Silence dans les cimetières du département de la Somme
Ces médaillons sculptés symbolisant le « Silence », sont inspirés du bas-relief
d'Antoine Auguste Préault exécuté pour le tombeau de Jacob Roblès, au cimetière
parisien du Père-Lachaise.
Amiens-La Madeleine
Cimetière de Fontaine-sur-Somme
Merci à Simone et Tony Hervey
AMIENS-la Madeleine et Picquigny
Il est quelquefois intéressant de comparer les grilles des sépultures de la Madeleine avec celles des grilles du chœur des églises. Les artisans ferronniers utilisaient leurs modèles aussi bien pour les cimetières que pour le chœur des églises.
SAINT-RIQUIER
Saint-Riquier
« Les trois morts et les trois vifs ».
Trois gentilshommes de haut rang, un duc, un comte et un fils de roi, chevauchaient de concert quand ils arrivèrent dans un vieux cimetière. C’est là, qu’ils rencontrèrent trois squelettes qui semblaient les attendre. A cette vue, les jeunes hommes prirent peur et leur peur redoubla quand les squelettes commencèrent à parler. De leurs bouches édentées sortaient des paroles surprenantes. « J’ai été pape », dit le premier, « j’ai été cardinal » déclara le second. « J’ai été le notaire du pape », affirma le troisième. Et d'ajouter en chœur : « Vous serez ce que nous sommes.
Puissance, honneur et richesse ne sont rien ; à l'heure de la mort, il n’y a que les bonnes œuvres qui comptent ». Les trois gentilshommes écoutaient, profondément émus, ces paroles qui semblaient venir d’un autre monde. Ils crurent entendre la voix de Dieu.
Cette légende a donné lieu à une abondante iconographie, bien que rare au nord de Paris. Racontée par les gens du peuple, elle frappe les imaginations, bien plus qu'un sermon psalmodié par quelque moine. La terreur qu’inspire le vieux cimetière se mêle à l’effroi des rencontres que l’on peut faire aux carrefours, quand la nuit tombe et que l’on ne distingue pas le chien du loup. Elle est illustrée à Saint-Riquier, sous la forme de deux peintures murales. Sur le premier tableau, figure la cavalcade insouciante des trois jeunes seigneurs en costumes somptueux. Sur le second, les trois cadavres interpellent les cavaliers et brandissent leurs instruments de mort : le
javelot, pour le premier, symbole de la mort qui frappe, la faux pour le
deuxième (la mort : « la grande faucheuse ») et la pelle du fossoyeur pour le
dernier.
Ces deux photos sont extraites du livre: "Saint-Riquier, une grande abbaye bénédictine" Editions Picard- 2009.
CIMETIERE DE PONT-NOYELLES: la chapelle N-D de pitié
Léon Godefroy qui a écrit l’histoire de Pont-Noyelles décrit ainsi le monument : « Il existe dans ce cimetière une chapelle dédiée à Notre-Dame de Pitié pour laquelle les habitants avaient une grande dévotion Cette chapelle existait déjà en 1712 et fut reconstruite en 1858, en brique, tout en conservant son style gothique. Plusieurs curés du village y sont enterrés, comme le mentionnent les épitaphes: les abbés Antoine Postel en 1748, Charles Roullé en 1792, Lengellé en 1810, Jacques Bouchez en 1894 et le dernier l'abbé Marius Dubois, en 1931. Les quatre verrières de 1859, signées Donzelle-Millencour, honorent le Christ, la Vierge, Saint-Martin et Saint-Joseph ».
Rémy Godbert, passionné d’histoire locale et correspondant de « Richesses en Somme », ajoute :
"Une Piéta de belle facture se trouve dans la chapelle N-D de la Pitié
Après la Seconde Guerre, elle a disparu plusieurs années, elle avait été confiée par le curé à un artiste amiénois pour sa restauration.
Elle fut retrouvée quelques années plus tard et remise en place".
Eglise de Berteaucourt-les-Dames
Berteaucourt-les-Dames
Tombeau d’Antoinette de Halluin
À la fin du 16e siècle, le riche tombeau de l’abbesse Antoinette de Halluin, orné d’une composition en haut relief, a été adossé à la clôture de l’avant-dernière arcade de la nef.
Ce monument représente le Christ priant au Jardin des Oliviers en présence de trois apôtres endormis, de la donatrice, d’une religieuse, et de leurs deux patrons, saint Antoine et un évêque à qui il manque la tête. En arrière-plan, le Christ prie au sommet de la montagne, tandis que sur la droite, Judas conduit les soldats qui viennent arrêter Jésus. Une autre scène montre le Christ qui s’éloigne des trois apôtres cédant au sommeil, pour commencer sa veillée douloureuse.
Ce remarquable monument funéraire est classé depuis 1911.
« Berteaucourt-les-Dames » par Robert de Guyencourt, PMH, tome 5, p. 52
« Les ateliers picards de sculptures à la fin du Moyen Âge » par Henri Zanettacci, 1954,
Eglise de QUERRIEU
" Cy devant l'autel Sainct Nicolas gist le corps de Gille Le Testu, laboureur en son vivant, natif de ceste ville de Querrieu, qui fut filz de Guérard Le Testu et de Jehanne Cordelois, et eut espouse Colaye Dupont qui est enterrée au cimmetière de céans, auprès de ses amys, et ont laissé aprez le trespas deux enfans, Marguerite et Jehan, et ont faict des biens à ceste esglise, comme appert par le testament dudit Gille à la charge de deux obys que l'on doibt dire tous les ans au tamps des advens,et trespassa ledit Gille l'an mil Vc et VII, le XVII jour de novembre.Priez pour les trespassez, Pater Noster, Ave Maria ".
Sous l'épitaphe, on distingue nettement le corps du laboureur allongé, la tête à gauche et les pieds à droite Traduction réalisée par Hervé Bennezon
Tombeau de Mgr DANICOURT: église d'AUTHIE
Dans ce village devenu célèbre, depuis qu’Emmanuel Macron a été élu président de la République, en mai 2017. Ses ancêtres côté paternel sont nés et enterrés dans le cimetière du village, à l’ombre de l’église Saint-Pierre.
L’épitaphe du monument funéraire de Mgr Danicourt est un résumé de sa vie d’évêque. En voici les premières lignes : « Ici dort, l’illustrissime et Révé- rendissime Mgr François-Xavier Danicourt, prêtre de la Mission, évêque d’Antiphelles, vicaire apostolique de la province du Kiang-Sy, en Chine, né à Authie le 18 mars 1806, et mort à Paris, le 2 février 1860. Le 21 février 1803, Charles, André Danicourt épouse Marie-Joseph Cazier. De cette union naitront au moins six enfants. L’aîné deviendra évêque et le dernier sera aussi prêtre. Leur troisième enfant est une fille, Lucie Danicourt qui ne changera pas de nom à son mariage, puisqu’elle épousera un Danicourt, prénommé Constantin. Ce couple donnera naissance à Ernest Danicourt, en 1846, devenu célèbre en 1887 grâce à la découverte des souterrains-refuges de Naours.
Au-dessus de l’épitaphe sont gravées les armes du Pontife : « d’azur à un ostensoir d’or », surmontées de cette devise : « le Seigneur vit en moi ».