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Bibliographie: Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie, 2e trimestre 1977.

"Le thème de la Vierge de Pitié dans le département de la Somme" par Christine Debrie.

Les Vierges de Pitié apparaissent dans l’iconographie chrétienne à partir du 15e siècle. Elles vont devenir un des thèmes privilégiés des sculpteurs, des peintres et des maîtres–verriers.

La vierge de Pitié est une scène où le Christ mort, descendu de la croix, est posé sur les genoux de sa mère. Marie contemple une dernière fois son fils, avant la mise au tombeau. A ce groupe pathétique, on donne aussi le nom italien de Pietà. 

Cette scène de la déposition est rarement traitée par les artistes parce que sa durée est très courte. Chronologiquement, elle se situe entre la descente de croix et le

moment où Jésus est remis à sa mère avant la Mise au tombeau. La Vierge du

Musée d’Abbeville est seulement accompagnée de Marie-Madeleine. Les deux femmes contemplent le corps de Jésus presque allongé sur le sol.

Leurs vêtements trahissent la date du 16e siècle 

Dans la merveilleuse petite église d’ Hardecourt-aux-Bois, que l’on doit à l’architecte Dom Paul Bellot devenu moine bénédictin, on trouve un chef d’œuvre de sculpture, une Vierge de Pitié signée Paul-Ernest Drivier, (1878-1951). Ce sculpteur est mondialement connu pour avoir exécuté le monument aux Morts de la ville de Strasbourg. Une pietà tient dans ses bras deux hommes mourants qui regardent, l’un vers l’Allemagne, l’autre vers la France, dans un lyrisme où les corps agonisants s’abandonnent. Ce magnifique groupe sculpté, dépourvu de toute intention guerrière et nationaliste délivre  un message de réconciliation entre les peuples.

A Hardecourt-aux-Bois, on retrouve sur les traits de Marie la même souffrance retenue, le même calme poignant que sur le visage de la mère du monument de Strasbourg. L’artiste a sculpté deux êtres dans la même tragédie, avec la même rigidité et d’où s’échappe une intense émotion. Les personnages prêts à s’échapper de la masse brute, donnent ainsi un certain élan à l’œuvre.

Cette Vierge de Pitié du 16e siècle, entourée de Jean et de Marie-Madeleine, a été classée, en 1983.

Une somptueuse  Vierge de Pitié dans l’église Saint-Jacques du Tréport

Le corps du Christ crucifié est descendu de la croix et reste un moment exposé au pied de cette croix. Aussitôt après, il est posé sur les genoux de la Vierge assise. Ici au Tréport, ce qui fait la singularité de cette Vierge de Pitié, c’est la présence de trois personnages : saint Jean, Marie-Madeleine et Nicodème.

Dans cette représentation figurent également deux anges qui soutiennent un voile donnant plus d’ampleur à la scène.

Jacques Gruber (1870-1936) est un grand maître verrier dont les réalisations sont visibles dans toute la France.

Dans la Somme, on lui doit les vitraux de la chapelle de Briost (St-Christ-Briost), des églises d'Etelfay, Becquigny,  Montdidier (église Saint-Sépulcre), Lamotte-Warfusée, Mametz, Misery (Marchélepot), Cléry-sur-Somme, Monchy-Lagache, Albert, Péronne et Tilloloy. Cette liste n'est pas exhaustive.

La pietà, dans une niche décorée par Georges Lecomte, provient de l'ancienne église.

La nouvelle église a été reconstruite en 1932 par  l'entreprise Roncadi sur les plans de Godefroy Teisseire, architecte.

Vaux-en-Amiénois

Sur le mur extérieur de l'église Saint-Firmin du 16e siècle, on remarque cette petite pietà en pierre, haute de 40 centimètres et finement ciselée.

Dans ce retable de la Vierge se trouve une magnifique Pietà, encadrée par des colonnettes cannelées.

Quatre statues: la Vierge éplorée et le corps du Christ appuyé contre ses genoux. A gauche, saint Jean, à droite, Marie-Madeleine. l'ensemble est en pierre sauf le corps du Christ qui est en bois

                                                "L'église de Chaussoy-Epagny" par Bruno Tabuteau

A Martainneville, le groupe de Pitié a quatre personnages, qui sont sculptés en haut relief et placés devant un paysage dominé par un ciel crépusculaire.

Entourée de Jean et de Madeleine, on observe au premier plan, la Vierge, qui soutient de son bras droit le corps du Christ posé sur ses genoux.

C’est un artiste local qui a réalisé ce tableau en bois polychrome d’une bonne facture malgré quelques maladresses.

Ce groupe a été classé, le 25 mai 1907. 

GOYENCOURT 

Dédiée à Notre-Dame de Liesse, la chapelle privée a été fondée par Jean-Baptiste Fontaine en 1825. Gravement blessé par un cheval, il promet, s'il guérit, de construire cette chapelle. Elle fut pendant plus d'un siècle le but d'un pèlerinage annuel pendant la neuvaine qui suit la Nativité de Notre-Dame.

Détruite en 1914, elle fut réédifiée après la guerre, avec six beaux vitraux. L'un d'eux est un hommage aux soldats du 4e corps qui tombèrent pour la France et la défense du Santerre.

Un autre honore la mémoire de Maxime Echivard, sergent au 117e Régiment

d'Infanterie, tombé près de cette chapelle le 2 octobre 1914. Son père, Albert

Echivard, maître-verrier au Mans a signé ces vitraux.

Le soldat a pris la place du Christ et la maman du soldat a pris la place de la Vierge.

Sur un joli socle, dans l'église de Pernois, se trouve cette Pietà,copie de Michel-Ange en plâtre, signée des établissements Verrebout, la seule que nous ayons trouvée dans la Somme.

La représentation d'une Vierge de Pitié levant les bras au Ciel est assez rare

Cette pietà en marbre se trouve sur le monument funéraire de Raoul de Lannoy et de

Jeanne de Poix (gisants) dans l'église de Folleville, oeuvre des sculpteurs : Antonio della Porta, dit Tamagnino et son neveu Pace Gaggini .

Au lendemain de la première guerre mondiale, le soldat tué dans les combats est souvent identifié au Christ reçu par sa mère lors de la Crucifixion.

L'église d'Assevillers détruite pendant la première guerre a été reconstruite vers 1930 par louis Duthoit. Les vitraux représentant une pietà et une crucifixion ont été dessinés par Jacques Michel et installés par le maître-verrier, Julien Vosch.

Nampont-Saint-Martin

Cette belle Vierge de Pitié en haut relief est en bois peint. Les Antiquaires la datent du 16e siècle. Restaurée en 1856, elle a été classée en 1993.

Voilà cinq exemples, où lors de la descente de croix, le corps du Christ redevient enfant pour la Vierge Marie