UNE VISITE A FROHEN-SUR AUTHIE: Textes et Photos
Visite de Frohen-sur-Authie, le jeudi 19 août 2021
La légende de Saint-Fursy
Source : Hagiographie du diocèse d’Amiens (tome 2, p. 238 à 297)
Moine venu d’Irlande vers 646, il débarque à Quentovic à l’embouchure de la Canche (Etaples) et premier miracle, il ressuscite le fils du duc Haymon qui se trouvait à Mézerolles.
Il se dirige dans la vallée de l’Ancre et fait une halte à Authuille.
Il fait un pèlerinage à Rome puis construit un monastère à Lagny. Il meurt à Mézerolles, en 650.
Le corps du saint fut mis sur un chariot attelé par deux bœufs, devenus les attributs de saint Fursy. Il se dirigea vers Péronne et là les bœufs se sont arrêtés. Il fut inhumé dans la collégiale de Péronne.
La chapelle de dévotion à Saint-Fursy
Source : abbé Achille Le Sueur ‘les fontaines sacrées de la Somme)
Rappelons que saint Fursy ressuscite le fils du duc Haymon à Macérius, aujourd’hui Mézerolles et que le duc offrit alors à Fursy, le domaine « Forsei-Hamus » qui n’est autre que le Frohen d’aujourd’hui. A cet endroit, existe une source consacrée à Saint Fursy et qui guérit beaucoup de maladies entre autres, les maladies de la peau. Cette fontaine qui existe toujours en 2021, déverse régulièrement un petit filet d’eau qui conduit à l’Authie
L’abbé Pruvot reconstruit cette chapelle, qui porte cette inscription toujours en place : « Hommage des habitants de Frohen à Saint-Fursy ». Elle fut bénie en 1862 par l’archiprêtre de Péronne, l’abbé Turquet. Et la chapelle fait alors l’objet de nombreux pèlerinages à la source de nombreuses guérisons.
L’Authie, journal local, nous relate l’événement de la bénédiction dans son édition du 20 juillet 1862, dont voici quelques extraits :
· Le clergé et les paroissiens de 4 communes voisines se joignent à celui de Frohen
· La musique de Doullens et celle de Barly embellissent la cérémonie.
· Les jeunes filles toutes vêtues de blanc portent 5 statues de la Vierge et le chœur des chanteuses et des jeunes enfants dressent des oriflammes.
· La procession d’une longueur de 800 mètres est escortée par 20 soldats
· La foule est évaluée à 5000 personnes
Eglise Saint-Fursy de Frohen-le-Grand
Source : Pierre Foucart de Bernaville
A l’origine, l’église est fondée par l’abbaye de Cercamps, brûlée comme village en 1472, remplacée quelque temps après par une église en pierre, maintes fois réparée jusqu’en 1885 (Aquarelle à la Bibliothèque d’Abbeville, collection Macqueron)
L’architecte de l’arrondissement de Doullens, Henri Antoine remplace le clocher à campenard par le clocher actuel, avec ses pinacles et ses fleurons. A noter que la cloche classée depuis 1912 est toujours en place.
Le 24 juin et le5 juillet 1944, les deux bombardements massifs anéantissent la nef et le chœur. Seul, subsiste le clocher., que l’architecte décide de garder.
1945 : Alfred Révillon (1896-1989) est désigné par le conseil municipal pour être l’architecte de la reconstruction du village.
1955 : Les plans de la nouvelle église sont simples : une seule nef et un chœur à trois pans. La nouvelle nef comporte 6 fenêtres et la tribune présente un profil élégant.
Les principaux intervenants : Gabriel Wathelet pour le gros œuvre et Roger Bacquet pour la menuiserie.
Les vitraux sont l’œuvre de Jean-Jacques Gruber, fils du célèbre maître-verrier Jacques Gruber. Dans le chœur, la Sainte-Famille et le sermon sur la Montagne. Dans la nef à gauche : l’Annonciation et la fuite en Egypte. Dans la nef à droite : saint Hubert et saint Martin
Le projet de décoration consistant à peindre une fresque sur l’arc triomphal représentant la parabole du semeur est abandonné en 1958, Le tabernacle est indépendant de l’autel. C’est un cylindre de cuivre où sont gravés une grappe de raisin et des épis de blé, symbole de l’Eucharistie, le pain et le vin.
Le chemin de croix : 14 lithographies éditées par la maison Basset de Paris.
Les fonts baptismaux proviennent de l’ancienne église. C’est la superposition de deux cônes. La cuve en pierre calcaire est renversée sur le cône en bois qui sert de pied à l’ensemble. Assez rare
L’église est consacrée par Mgr Stourm, le 5 avril 1959.
Eglise de Frohen-le-Petit, dédiée à Saint-Pierre
Inscrit MH, le 19 février 1926
Source : PMH (Picardie Monumentale et Historique)
- Chœur du 15e : nef du 18e
- Façade occidentale originale
· Le portail est encadré de deux pilastres brique et pierre
· 1er étage délimité par un cordon de pierre. Les pilastres se continuent et portent un fronton triangulaire
· Le pignon cintré est accompagné de volutes
- Petit clocheton de charpente avec abat-sons
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- Chœur : deux travées droites et chevet à trois pans
· Les départs des nervures sont décorés de chevrons et de torsades
· Clé pendante et ornée d’un agneau pascal
· Arc triomphal sculpté de feuillages et de rinceaux de vigne sortant de la gueule de deux monstres
- Une niche en anse de panier dans le chœur
- L’autel avec son tabernacle en bois est l’œuvre de l’ébéniste J. Pichart en 1765
Nef:
- Deux statues classées : St-Pierre et St-Fursy. Toutes les deux du 16e siècle et classées à titre d’objet, en mars 1922.
- Les fonts baptismaux en bois sont remarquables. Il n’y a pas de chemin de croix.
- Plusieurs plaques funéraires : 3 à l’intérieur et une à l’extérieur : le curé Dubos et les seigneurs du château
Le château : source Philippe Seydoux (Gentilhommières en Pays de Somme et Théodose Lefevre (Histoire du canton de Bernaville)
- Au 12e siècle, les seigneurs de Candas
- La famille de Créquy au 17e. Léonore de Créqui épouse Marie-François Perrot (inhumé dans l’église de Frohen le Petit. Le château actuel a été élevé par Jules Fercourt-Créquy.
- Sa fille Sidonie épouse en 1835Edouard, comte du Passage. Ce couple donnera naissance à Arthur du Passage, Arthur, qui deviendra sculpteur animalier. Auteur notamment des deux sangliers qui ont été dérobés, il y a 27 ans et qui vont bientôt réintégrer le château
- A noter que depuis le 17e siècle, le château est dans la même famille Aujourd’hui Anita du Passage épouse de Xavier Roth le Gentil, est la dernière propriétaire du château.
Les bombardements de Frohen : juin et juillet 1944-
Source : la guerre aérienne par Jean-Pierre Ducellier
- le château de Frohen a été réquisitionné par les Allemands et les officiers qui y demeurent sont chargés de mettre en place l’organisation des V1, ces bombes volantes dont le but est de détruire Londres.
- 1ère attaque : le 24 juin 1944 : qui détruit l’aile ouest du château, mais aussi beaucoup de maisons, ainsi que l’église et le presbytère. On déplore deux tués parmi les habitants de Frohen et deux officiers allemands
- 2ième attaque : le 5juillet. Les photographies aériennes des alliés ont décelé dans le parc, un énorme blockhaus et des baraquements allemands. 14 bombardiers larguent 155 bombes à 3800 m d’altitude. Les baraquements sont détruits, le parc est semé de cratères, les deux allées magnifiques de hêtres et de tilleuls sont partiellement détruites. Des arbres arrachés, des débris jonchent le sol. La désolation est totale. Le blockhaus allemand est intact, il existe encore caché par la végétation
.Les dégâts collatéraux sont énormes, beaucoup de maisons sont touchées, l’église de Frohen-le-Petit et la chapelle Saint-Fursy ont reçu des éclats d’obus